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Aux Jeux olympiques, les podiums, c'est aussi (et surtout) une histoire de style

Aux Jeux olympiques, les podiums, c'est aussi (et surtout) une histoire de style

Mercredi 17 avril, la marque Berluti a dévoilé les tenues officielles que porteront les athlètes français lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris. Les tenues des athlètes et du staff officiel sont depuis toujours un moment très attendu, immanquablement relayé par les médias. Des présentations qui ont laissé des archives parfois truculentes.

Par Florence Dartois - Publié le 17.04.2024
Munich 72 : André Courrèges - 1972 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

À 100 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, Jean-Marc Mansvelt, le directeur général de Berluti, a dévoilé les tenues officielles que porteront les athlètes français lors du défilé d’ouverture. Fabriquées par la maison de luxe Berluti (propriété de LVMH), elles ont été réalisées en collaboration avec les athlètes.

Ces tenues allient confort et, bien-sûr, élégance à la française. Côté code couleur : du bleu, blanc, rouge, évidemment ! Un bleu marine sombre, caractéristique de la marque Berluti. Tous les cuirs, des chaussures jusqu'à la ceinture, ont une patine colorée.

Chaque olympiade permet aux couturiers choisis pour habiller les athlètes de libérer leur fibre créatrice et de se lancer dans un marathon de tons et de matières, avec quelques contraintes liées aux couleurs. Vêtir les sportifs qui défileront à la cérémonie d'ouverture est à la fois un honneur et une publicité mondiale. C'est dire l'importance de l'enjeu et les retombées attendues de cette exposition internationale. Chaque rendez-vous olympique permet donc à de grands noms de la couture et autres entreprises de textile ou marques d'habillement de tirer leur épingle du jeu...

LES ARCHIVES.

Nous avons retrouvé quelques archives illustrant parfaitement le foisonnement créatif émergeant des esprits (parfois sinueux) des couturiers et des stylistes. L'archive disponible en tête d'article est un bel exemple de cette créativité.

Nous sommes en 1972, à quelques mois des Jeux de Munich. Cette année-là, la confection de la garde-robe des athlètes français et de l'équipe encadrante a été confiée à André Courrèges. En plein mois de février, le grand couturier dévoilait au 20 heures de la TF1 sa « collection J.O. » très punchy.

La présentation se déroule dans le stade vide de Munich dont les gradins ont été remplis par l'occasion par l'équipe et les mannequins du créateur. Lui-même est présent et arbore un large sourire de satisfaction. Casquette orange sur la tête, André Courrèges explique qu'il a misé sur « un esprit sportif, très moderne, assez fonctionnel, pour que ces vêtements puissent être confortables, aussi bien avec de la chaleur, qu'avec du froid ».

La mise en scène de ce reportage psychédélique est surprenante. Nous sommes bien dans les seventies... Le couturier et ses mannequins présentent les tenues officielles créées avec une implication délirante. Sur une musique endiablée, ils se démènent dans différentes attitudes, mimant des courses, des sauts et autres épreuves sportives. Le couturier a misé sur des couleurs vives bien éloignées du bleu profond de 2024 : jaune, orange, bleu, vert... Le couturier souhaite que les officiels soient identifiés au premier regard. Pari gagné sans aucun doute, avec une médaille d'or pour l'originalité.

L'hiver aussi !

Les Jeux d'hiver ne sont pas oubliés et représentent un défi encore plus considérable, car il faut rendre attrayants et confortables des vêtements épais conçus pour protéger du froid. En 1976, l'équipe olympique avait choisi Ted Lapidus pour les sublimer sur les pistes d'Innsbruck (Autriche). Son défi : « habiller les champions comme des gagneurs.»

Voilà comment le couturier expliquait sa stratégie dans son atelier en janvier 1976 dans le 13 heures de TF1 : « Il fallait que l'uniforme soit d'abord le "cocorico", c'est-à-dire l'image de la France ». Cette élégance « cocorico », il l'avait choisie couleur « chaudron », avec un tissu « trench et chaud ». Mais comme son confrère, quatre ans plus tôt, il expliquait que l'essentiel d'un uniforme, c'était de s'y sentir bien. À quoi ressemblait le résultat de ses réflexions ? C'est dans la très chic station de sports d'hiver de Megève que le couturier présentait ses modèles : un costume droit couleur « chaudron », donc, et pour la femme, la jupe remplaçait le pantalon. Pour les tenues du défilé officiel, il avait prévu la même couleur, mais avec un style « caban », une veste doublée fourrure, avec pull et écharpe blancs en mohair assortis. Les boots étaient quant à elle en « cuit cognac ». Sans oublier un chapeau à rebord, mixte, qui servirait, l'espérait-on à « saluer la victoire de nos couleurs ». Des tenues et des tons, à découvrir ci-dessous.

Mode olympique
1976 - 00:00 - vidéo

Au service de la France...

Lorsque les Jeux se déroulent en France, l'enjeu est encore plus grand, évidemment, puisqu'il faut habiller l'ensemble des équipes sportives et officielles, sans oublier les hôtesses d'accueil. En 1968, avant les Jeux d’hiver de Grenoble, le JT régional présentait leurs tenues. Le reportage est en noir et blanc, mais l'on apprend que les uniformes étaient de couleur « bleu France » ou « bleu olympique », et que les hôtesses porteraient des casquettes « bombe »... « Et pour les grands froids : bottes, vestes de fourrure et fuseau ».

Le comité d'organisation (COJO) disposait de 350 hôtesses parlant 19 langues qui serviraient d'interprètes auprès des athlètes et des officiels. Il fallait ajouter les hôtesses de l'Office National d'Accueil (ONA) chargées de l'accueil des visiteurs et les hôtesses de Grenoble Accueil, chargées des invités de la ville de Grenoble. Sur un ton un poil impertinent, avec (aussi) un zeste de sexisme qui sied bien à l'époque, le journalisme présentait ces « jeunes et jolies femmes », gage de « sourire et de charme ». Dans une mise en scène digne d'un « OSS 117 », le journaliste décrivait - ou plutôt faisait décrire par les jeunes dames de bonne constitution - quel serait leur rôle. Avant de conclure : « De toute façon, le sourire, tout le temps, sera de la partie. »

Des messieurs sobres pour Mexico

La même année se déroulait les Jeux d'été de Mexico et le comité des Jeux olympiques avait confié la constitution du vestiaire des athlètes à deux entreprises : une entreprise de confection de vêtements masculins de Bordeaux-Mérignac et une fabrique d'imperméables d'Artigues-Cenon. En septembre 1968, le JT de Bordeaux présentait quelques-unes des tenues prévues pour l'équipe de France masculine. Le ton est bien différent, bien plus guindé que celui utilisé pour le sujet précédent.

La présentation se déroulait sur le tarmac de l'aéroport de Mérignac. La tenue décontractée des athlètes se composait d'un polo blanc, d'un cardigan bleu ciel, bordé bleu et rouge, d'un pantalon gris et d'un imperméable blanc classé. Du classique confortable aux couleurs de la France. Sans oublier les accessoires : une valise et un sac de sport orné des anneaux olympiques. Pour le défilé, les hommes disposaient d'un « blaser "bleu France" agrémenté d'un blason bleu-blanc-rouge et d'un écusson du coq gaulois. D'un pantalon blanc, rayé de noir et d'une chemise bleu ciel... et d'un chapeau panama ». Ils bénéficiaient aussi d'une tenue de soirée composée d'un costume bleu, chemise blanche et cravate rayée bleue, blanche et verte.

De l'innovation pour Lake Placid

Pour conclure notre tour d'horizon non exhaustif de la mode olympique, nous allons faire une incursion dans la technologie textile. En septembre 1979, le JT de 13 heures consacrait un long sujet à la présentation des tenues prévues pour les Jeux d'hiver. Les nouvelles tenues olympiques officielles de l'équipe de France de ski avaient été réalisées par l'entreprise Fusalp, pour les Jeux de Lake Placid.

Cette fois, trois champions se prêtaient au jeu du défilé pour présenter leurs futurs vêtements de compétition : Jean-Paul Pierrat (ski de fond), Caroline Attia (ski alpin) et Perrine Pelen (ski alpin). Si on retrouvait le code couleur traditionnel du « bleu France », du blanc et du rouge, il fallait compter avec des innovations technologiques pour les matières utilisées et de l'aérodynamisme. Les tissus, comme le jersey extensible, devaient permettre de laisser respirer la peau tout en préservant le corps du froid, sans l'entraver. Ce qui donnait des combinaisons plus légères, des pulls chauds et extensibles ou des fuseaux renforcés. Bref de vraies tenues de super-héros !

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