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Somalie et Soudan du Sud : la réalité de la famine

Somalie et Soudan du Sud : la réalité de la famine

« La famine est imminente dans la partie nord de la bande de Gaza et risque de s’étendre à l’ensemble de l’enclave assiégée » a annoncé l'ONU le 18 mars 2024. La déclaration officielle de l'état de famine répond à des critères très précis. Depuis le début du XXIe siècle, le monde n'a connu que deux précédents : la Somalie en 2011 et le Soudan du Sud en 2017.  

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 21.03.2024
La famine dans la corne de l'Afrique - 2011 - 00:00 - vidéo
 

L'ACTU.

« En décembre 2023, nous avions évalué le risque de famine comme probable. Il est désormais imminent », a alerté le 18 mars 2024 Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation dans les colonnes du Monde. Et d'ajouter : « Autant de personnes au niveau le plus critique de la faim, avec une détérioration aussi rapide, c’est vraiment jamais vu. » Au vu de la situation, le nord de Gaza aura atteint l'état de famine d'ici mai.

Depuis sa mise en place en 2004 pour la Somalie, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un partenariat entre agences internationales, évalue la sécurité alimentaire dans le monde selon une échelle standardisée. La classification en état de famine est au plus haut niveau de l'IPC, la phase 5. Elle correspond à la combinaison de trois critères : au moins 20 % de ménages confrontés à un manque extrême de nourriture, au moins 30 % d'enfants souffrant de malnutrition aiguë, et au moins deux personnes sur 10 000 ou au moins quatre enfants de moins de cinq ans sur 10 000 meurent chaque jour du manque de nourriture.

L'état de famine est déclaré par les autorités gouvernementales du pays concerné en lien avec les agences des Nations unies. Depuis 2004, l'ONU a déclaré à deux reprises une situation de famine dans le monde : en 2011 en Somalie et en 2017 au Soudan du Sud.

LES ARCHIVES.

« Ici, chaque jour des dizaines d’enfants meurent de faim. » En 2011, la Somalie connaissait une grave crise alimentaire à la suite d'une sécheresse d'ampleur. Le 20 juillet, face à la situation, expliquait le 20h de France 2, « les Nations unies ont décrété l'état de famine dans le sud du pays. » La moitié de la population somalienne était estimée en danger de mort.

Bénédicte Jeannerod de l'Unicef expliquait : « Dans cette région de la corne de l'Afrique, on estime que 500 000 enfants sont atteints de malnutritions sévères. C'est-à-dire la forme la plus grave de la malnutrition qui engage leur pronostic vital ». Cette crise était amplifiée par l'instabilité politique de la région. La fin de l'état de famine, stade le plus élevé de crise alimentaire, était déclaré début 2012.

La famine comme arme de guerre

À la même période, le Soudan du Sud, qui venait de prendre son indépendance, était particulièrement touché par la même sécheresse. Quelques mois plus tard, en décembre 2013, le pays sombrait dans la guerre civile. Finalement, le 20 février 2017, après trois ans de conflit, comme on l'entend dans l'archive ci-dessous, l'état de famine y était déclaré officiellement. Sur France 3, on évoquait la menace un drame humanitaire sans précédent alors que 42 % de la population étaient « en situation d'insécurité alimentaire grave ».

Famine au Soudan du Sud
2017 - 00:00 - vidéo

Une situation directement liée à la guerre dans ce pays où de nombreuses attaques et pillages rendaient compliqué l'apport d'aide humanitaire. À tel point que, comme on l'entendait dans l'archive ci-dessous, « la famine [était] utilisée comme une arme de guerre ». La « guerre civile et ethnique d'une violence inouïe » post-indépendance avait d'ailleurs commencé dans la région de Bentiu, zone où l'état de famine était désormais déclaré.

Dans l'un des camps de réfugiés du pays, à Bentiu, on trouvait de nombreux enfants. Un membre de l'Unicef sur place notait les signes d'une malnutrition très grave sur un enfant de deux ans, « les côtes apparentes, la maigreur, la peau plissée. » Et le commentaire de conclure : « Au sud Soudan, c'est la guerre des hommes qui affame la population ».

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