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1967 : les Forts des Halles viennent à l'Elysée offrir du muguet au Président

1967 : les Forts des Halles viennent à l'Elysée offrir du muguet au Président

Chaque 1er mai est l'occasion d'offrir un brin de muguet à ses proches, mais pas seulement. Jusqu'à la fin des années 1960, les manutentionnaires des Halles assuraient personnellement une livraison à l'Elysée.

Par Florence Dartois - Publié le 29.04.2022
Le muguet à l'Elysée - 1967 - 00:58 - vidéo
 

Offrir un brin de muguet est une tradition ancienne. Il s'en vend en moyenne 60 millions de brins chaque année . Un geste qui symbolise, pour certains, la Fête du travail et le monde ouvrier et, pour d'autres, l'arrivée des beaux jours. Jusqu'à la fin des années 1960, ce lien entre muguet et travail a été symbolisé par une cérémonie très citoyenne et parisienne : la livraison d'un bouquet de muguet au président de la République par ceux que l'on appelait alors les Forts des Halles.

Il s'agissait d'une corporation ancienne de manutentionnaires créée sous Louis IX. Cette aristocratie des Halles avait pour devise « Force et Honneur ». Ils étaient chargés de transporter les marchandises de l'extérieur vers l'intérieur des 12 pavillons Baltard qui constituaient les anciennes Halles situées au centre de la capitale. Leur sélection était draconienne et ils devaient être capables de porter 200 kilos sur 60 mètres, faute d'être recalés.

Volailles, gibiers, beurre et œufs, fruits et légumes rien n'échappait à leurs bras puissants et à leurs têtes robustes. Ils étaient en effet facilement identifiables grâce à leur large chapeau, le coltin, muni d’un disque de plomb, qui leur permettait de supporter de lourdes charges sur la tête.

L'archive en tête d'article décrit la cérémonie de 1967. Le 1er mai, le général de Gaulle et son épouse Yvonne avaient accueilli la délégation à l'Elysée, posant sur le perron. Deux ans avant le transfert des Halles pour Rungis, cette tradition marquait la fin d'une époque, ce que ne manquait pas de souligner le commentaire.

Des costauds au grand coeur

Le jour de cette célébration, un reporter de l'ORTF s'était rendu aux Halles pour interroger les Forts des Halles sur cette tradition républicaine.

Monsieur Duchâtel, leur président revenait sur cette coutume, précisant que ses hommes livraient aussi des bouquets à d'autres personnalités politiques telles que «le président du Conseil municipal, le préfet de la Seine ou le préfet de police». Cette coutume remontait selon lui à la fin de la Seconde Guerre mondiale et c'est Vincent Auriol qui avait reçu le premier bouquet. Le reporter interrogeait ensuite un célèbre représentant de la confrérie, connu pour avoir participé à l'émission de télévision « La tête et les jambes ». Le grand gaillard dissimulé sous son chapeau confirmait qu'il irait remettre le bouquet au président, avec trois camarades, accompagnés des représentants du Conseil municipal du 1er arrondissement, sans oublier les reines de beauté de l'arrondissement et des Halles, que l'on aperçoit dans la vidéo en tête d'article.

Au milieu des milliers de caisses de muguet fraîchement livrées, il précisait que la majorité des fleurs venait de la région nantaise, et que le reste venait des bois de la région parisienne.

Pour l'anecdote, les Forts des Halles seraient à l'origine de la création, au milieu du XIXe siècle, du fameux débardeur appelé plus tard « Marcel » qui leur permettait de bouger avec aisance, sans transpirer et serait adopté par de nombreux ouvriers.

Après plus de 800 ans d‘existence, la confrérie des Forts des Halles a finalement disparu avec la fermeture des Halles et la mise en service du marché de Rungis en 1969.

A regarder sur madelen :

Les Halles de Paris était le nom donné au marché central de la capitale. Une époque désormais révolue. Ce documentaire de 1969 remonte dans un passé pas si lointain pour raconter l’histoire des pavillons de Baltard, grâce à des images d’archives et des témoignages d’anciens travailleurs de ce grand marché, aujourd’hui disparu.

Le 28 février 1969, les Halles de Paris ont cessé d’exister. Dans ce documentaire de 1969, d'anciens travailleurs du marché évoquent la liberté que leur ont procurée les années qu’ils y ont passées, malgré la pénibilité, les horaires difficiles et la précarité. Accueillant les oubliés et les sans-emploi, les Halles étaient un monde à part, une sorte de cour des miracles.

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